Lorsqu'ils s'aventurent sur les rives de la Baltique, marchands et missionnaires du Moyen Âge occidental découvrent des peuples singuliers : les Baltes.
Tout les surprend dans le paganisme que Prussiens, Lituanes et Lettons défendent avec acharnement contre les “croisades du Nord”. Des sources aux feux rituels, des arbres aux pierres protectrices, la nature entière leur est sacrée. Leurs dieux sont le Soleil et l'Aurore, qu'ils fêtent au solstice d'été, le Forgeron céleste maître du tonnerre, et la Lune, protectrice des guerriers. Ils honorent aussi le Maître des Esprits, conducteur des âmes mortes et gardien du monde nocturne. Au cœur des forêts ils brûlent leurs défunts et convoquent les mânes pour le banquet rituel. Fidèles aux esprits des champs comme aux grandes divinités célestes, ils sacrifient à tous et élèvent dans leurs demeures des serpents familiers, instruments de la divination. Chez eux le devenir cosmique et celui du peuple sont étroitement solidaires, aussi le souvenir de la religion traditionnelle survivra-t-il à la conquête...
La conversion définitive de ces “derniers païens d'Europe” ne s'achève vraiment qu'après les grandes Réformes. Fort heureusement grâce aux rapports des missionnaires et aux données ethnographiques recueillies par les folkloristes du siècle dernier, en particulier les nombreuses chansons lettones, les dainas, l'essentiel de la mythologie et des pratiques rituelles peut être restitué et trouver sa place dans le comparatisme indo-européen. C'est dans cette perspective que Philippe Jouet a écrit ce livre, le premier sur ce sujet en langue française.
